Alors que le temps des décisions pour nommer les titulaires des plus importantes charges non électives de l’Union européenne se rapproche, les femmes qui occupent déjà des positions prestigieuses en Europe se mobilisent pour que la représentation féminine au sein des instances politiques européennes ne connaisse pas la régression annoncée.
En effet, alors que le pourcentage de femmes commissaires avait progressé du 25% de la Commission Santer au 30% du collège sortant, les propositions faites jusqu’à maintenant par les États membres laissent entendre que ce pourcentage pourrait descendre à 15% dans la prochaine Commission ! Cela représente un intolérable bond en arrière, contre lequel se mobilisent commissaires, députés européennes et nationales.
Ainsi, Margot Wallström, Vice-Présidente de la Commission européenne, Diana Wallis, Vice-Présidente du Parlement européen, et Neelie Kroes, Commissaire européenne, signaient le 15 novembre une lettre conjointe dans le Financial Times, avec un titre provocateur « The right man in the right job is often a woman ». Dans cette lettre, elles demandent aux dirigeants européens de désigner une femme pour occuper la fonction de président du Conseil européen ou de chef de la diplomatie de l'UE lors de leur sommet extraordinaire du 19 novembre, car cela « rendrait l'Europe plus riche et plus représentative, et la rapprocherait de tous les citoyens ». L'ex-présidente lettone, Vaira Vike-Freiberga, dont le nom a été avancé comme possible future présidente du Conseil européen, est notamment citée dans la lettre. Mme Wallström s’était déjà exprimée à ce propos le 26 octobre, en affirmant que « d'un point de vue démocratique c'est incroyable que les femmes, qui représentent 52,6% des Européens, soient ignorées. Ce n'est pas acceptable en 2009 ».
Un groupe de députées européennes, toutes couleurs politiques
confondues, s’exprimait sur la même ligne le 17 novembre lors d’une conférence de presse conjointe. Britta Thomsen (S&D) affirmait que la plus forte propension à l’abstention aux élections européennes (ou au vote négatif lors des référendums) des femmes dépend du fait qu’elle ne se sentent pas suffisamment représentée par une Europe trop masculine. Diana Wallis (ALDE) et Marije Cornelissen (Verts/ALE) n’hésitaient pas à évoquer la possibilité d’un rejet, de la part du Parlement européen, d’une Commission qui ne comprendrait pas au moins autant de femmes que la première Commission Barroso. D’autres députes européennes s’étaient déjà exprimées dans le même sens le 12 novembre, sur le site EuropeanVoice.com. Mme Wallis invitait M. Barroso a arrêter les « gentils coups de coude » envers les États membres et de prendre fermement position en faveur d’une Commission qui tienne compte non seulement des équilibres politiques et géographiques mais également de ceux de genre. La députée britannique mettait également en garde contre une situation « digne de l’Arabie Saoudite » et contre le « spectacle absolument non édifiant » du processus de sélection des plus hautes charges européennes.
Le lendemain, Mme Wallis conduisait une petite délégation de députées européennes, qui, habillées en costume et cravate et brandissant leur CV, entendaient ainsi manifester de façon provocatrice contre la discrimination dont elles se sentent victimes en tant que femmes.